Dr Seth Rasolondraibe
Président de la FPMA - 

L'ESPRIT DU PARDON

 

19 Le soir de ce jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, à cause de la crainte qu’ils avaient des Juifs, Jésus vint, se présenta au milieu d’eux, et leur dit: La paix soit avec vous!  20Et quand il eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent dans la joie en voyant le Seigneur. 21Jésus leur dit de nouveau: La paix soit avec vous!  Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie.  22Après ces paroles, il souffla sur eux, et leur dit: Recevez le Saint-Esprit.
23  Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. (Jean 20.19-23)


Joyeuse pentecôte à toutes et à tous

Un jour, j'ai visité une personne à l'hôpital. Après les salutations habituelles, cette personne m’a posé une question très directe :« Pasteur, que je dois faire pour être sauvée ? ».

Il s’agissait d’une question simple qui méritait une réponse simple. Ainsi, telle fut ma réponse: « Pour être sauvée, il faut que tu sois réconciliée avec Dieu, avec les hommes, avec tout le monde».

Après un temps de silence, mon interlocutrice me répondit: « Se réconcilier avec Dieu, cela  est possible…mais avec tout le monde? Impossible ». Or, je savais pertinemment que ce « tout le monde » était en fait son mari…

Le pardon n'est pas négociable

Cette conversation aurait pu en rester là si je n’étais pas pasteur; c’est une réponse qui m'inquiète et qui me pèse encore chaque fois que je me trouve devant une assemblée chrétienne. 

Pourquoi ? Parce que si tous les paroissiens sont comme elle et refusent de pardonner leurs prochains, l'église a beaucoup de soucis à se faire.

Nous nous pensons réconciliés avec Dieu mais sommes incapables de nous réconcilier avec les autres… Autrement dit : incapables de pardonner. Nous n’avons donc rien compris de la foi chrétienne. Il est vrai que pardonner est une des choses les plus difficiles au monde. Pardonner est un acte incompréhensible et héroïque pour beaucoup, mais de la folie pour d’autres. Pourtant, après sa résurrection et avant son retour vers son Père, Jésus a confié une mission à ses disciples: transmettre le message du pardon au monde entier:

 « …Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie : « …Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés, et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus… »

Malgré son caractère difficile voire impossible, le pardon est une valeur universelle, transculturelle et transgénérationnelle. En effet, quelle que soit notre culture, quelle que soit notre position au sein de notre famille, que nous soyons parent ou enfant, mari ou femme, un jour ou l’autre, nous serons placés devant ce choix : allons-nous, oui ou non, pardonner?

Le pardon comme réparation

Pourquoi donc Jésus aimerait-il offrir son pardon au monde entier ? Le monde a-t-il besoin de son pardon ? A quoi cela va-t-il servir ?

Un élément de réponse à ces questions se trouve dans notre texte. En effet, avant de confier à ses disciples le message du pardon, Jésus a accompli un geste et un acte qui rappellent le passé :

 « …Après ces paroles il souffla sur eux, et leur dit : recevez le Saint Esprit ». C’est un acte du passé dans la mesure où Dieu le Père fit de même au commencement de toute chose : «L’Eternel Dieu façonna l‘homme avec la poussière de la terre. Il insuffla un souffle de vie dans ses narines et l’homme devint un être vivant » Gen. 2, 7

Alors, pourquoi Jésus a-t-il refait ce geste ? Tout simplement parce qu’Il veut faire allusion au premier commencement et inaugurer ainsi le don du Saint-Esprit qui est en fait le renouvellement de toute chose. Dans cette perspective, le pardon que propose Jésus est une réparation du passé et un recommencement. 

Que faut-il réparer ? Et recommencer ?

La question qui se pose donc maintenant est: que faut-il réparer ? Et que faut-il recommencer ?

Dans l'évangile de Jean est rapportée l'histoire de cette femme prise en flagrant délit d’adultère, que des hommes pieux voulaient lapider. Toutefois, personne ne s’est estimé digne d’exécuter la sentence quand Jésus leur a dit « que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle » Jn. 8, 7. 

Nous disons de cette femme qu’elle était adultère. Pour les religieux de l’époque de Jésus, elle ne méritait plus de vivre, et aurait dû être retranchée de la société des vivants.

Le sens premier du mot adultère, c’est de se détourner de son Dieu pour un autre dieu. Cet autre dieu peut être l’argent, la gloire ou le pouvoir…. 

En ne condamnant pas cette femme, Jésus a effacé ou réparé toutes ses fautes et ses erreurs du passé. Il a permis que cette femme soit de nouveau réconciliée avec son Dieu, Il lui a permis de tout recommencer. Lorsque Jésus dit « va et ne pêche plus », il s’agit moins d’une prescription morale que d’une invitation à laisser son Père être un acteur de la reconstruction de sa vie future. C’est une invitation à se réconcilier avec Dieu.

Notre relation avec son Père

Ainsi, c’est notre relation avec le Père et notre relation avec les hommes que Jésus veut réparer par le pardon. L’homme a choisi son autonomie vis-à-vis de Dieu. Nous voulons présider seuls notre destin. Jésus veut nous réconcilier avec le Père et désire, tout comme  pour cette femme adultère, que tout puisse aussi recommencer entre nous et le Père.

Le désir de Dieu d’être réconcilié avec nous et de vivre parmi nous est infiniment plus grand et plus puissant que notre rêve d’aller dans un paradis quelconque pour Le rencontrer. Voilà pourquoi Il n’a pas épargné son Fils pour que cette réconciliation soit possible. Là est le message aujourd’hui.

La vocation des chrétiens

Jésus invite donc les chrétiens à faire du pardon un nouveau mode de vie. Comment allons-nous  en effet être cohérents avec notre message, celui d’un Dieu qui veut se réconcilier avec nous, si nous-mêmes ne savons pas pardonner ?

Dès lors, une autre question se pose : Qui peut offrir ce pardon comme Jésus ? Qui, sinon ceux et celles qui sont comme cette femme que Jésus a réconcilié avec Dieu et qui a sûrement compris et apprécié la vraie valeur de ces paroles de Jésus: « moi non plus je ne te condamne pas ». 
Revêtons-nous donc de l'Esprit du Christ afin que nous soyons des ambassadeurs de son Pardon et que, comme Paul, nous puissions proclamer au monde entier:

« 20Nous faisons donc les fonctions d’ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous; nous vous en supplions au nom de Christ: Soyez réconciliés avec Dieu! »

Il s’agit-là d’une  véritable supplication, d’une prière véhémente! Pourquoi ? Car le pardon est une question de vie au de mort, pour toi et pour moi.

C’est également un message d’espoir et un rappel de la miséricorde profonde de Dieu. Oui, mon frère, ma soeur, ce pardon est toujours disponible en Jésus. Le Christ peut porter le poids de ton passé, quel qu’il soit, et te donne la possibilité de vivre une nouvelle résurrection.

Dr Seth RASOLONDRAIBE

 

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