La décision du Synode de 2020 que nous pouvons lire dans la "Lettre mensuelle" a suscité beaucoup de questions parmi les membres de la FPMA, jeunes et moins jeunes.
Aussi, nous tenons à préciser que la résolution que la FPMA a adoptée lors de notre dernier Synode et les quelques réflexions que nous allons avancer dans cette lettre ne sont pas faites pour juger ou condamner l'expérience des autres, mais plutôt, pour qu’au sein de la FPMA, ceux qui sont appelés à œuvrer ensemble puissent parler
le même langage et aller dans la même direction.
Ainsi, à partir des remarques et des réflexions qui nous sont parvenues nous allons essayer d'expliquer clairement notre position
Nous n'obligeons personne à les accepter mais demandons à celles qui veulent collaborer au sein de la FPMA de comprendre et de respecter notre position.
A partir des différentes remarques nous avons discerné plusieurs aspects sur la question du baptême. Nous n’avons pas assez ni de temps ni de place pour aborder tous ces aspects.
Depuis la Reforme du XVI ème siècle
Au XVIème siècle, la question qui a divisé les églises chrétiennes issues de la Reforme de Luther et de Calvin est la suivante:
"le baptême des enfants est-il conforme à la doctrine biblique du baptême?".
Les plus fervents contradicteurs du baptême des enfants étaient ce qu'on a appelé jadis les anabaptistes. Ils estiment que Luther et Calvin ne sont pas allés assez loin dans leur reforme. Ils auraient dû également refuser le baptême des enfants.
Cette question a toujours été débattue dans le monde du protestantisme jusqu'à la fin du XIX ème siècle . Surtout dans le monde protestant anglo-saxon, le débat était clos dans la mesure où chaque camp ou chaque dénomination a assez d'arguments bibliques, théologiques et historiques pour défendre la conformité à la Parole de Dieu de chacune de leur position. Plutôt que de s'engager dans un dialogue de sourd, il valait mieux vivre dans le respect mutuel et suivre le chemin que le Seigneur a tracé pour chacun.
SITUATION ACTUELLE
Le protestantisme était jusqu'à la fin des années 80 à 90 dans cet état d'esprit de respect mutuel. Des collaborations entre les dénominations ont même beaucoup progressé. Avec les autres communautés membres de la Fédération Protestante de France, la FPMA essaie de collaborer en ayant toujours en esprit les différents articles de la Charte, en particulier l'article 1 et 1.2:
1. Avec la diversité de nos histoires, de nos traditions respectives et de nos sensibilités théologiques, nous, membres de la Fédération, déclarons nôtres les convictions suivantes:
1.1. Nous nous savons appelés et liés par l'Évangile tel qu'en témoignent les Écritures. Nous reconnaissons comme centrale l'annonce du salut par grâce, reçu par la foi seule.....
En ce qui concerne le baptême, parmi les églises issues de la Reforme, il y a les deux traditions: pédo-baptismeet baptême d'adulte ou baptême de confessant.
La FPMA comme la FLM et la FJKM sont pédo-baptistes selon les confessions d'Augsbourg et de la Rochelle *. Ces deux traditions collaborent pacifiquement au sein de la Fédération Protestante de France.
Malheureusement, cette atmosphère de paix entre les dénominations a disparu depuis l'émergence de certains mouvements qu'on appelle néo-charismatiques et néo- pentecôtistes et leurs méthodes agressives.
La FPMA n'est pas la seule église préoccupée par cette situation.
Des études, des thèses, des colloques ont été organisés dans le monde du protestantisme de même tradition que la FPMA pour trouver une réponse appropriée à ces problèmes.
En effet, la mise en cause des Églises historiques par leur conception du baptême n'est que la partie visible de l'iceberg. L'enjeu est beaucoup plus grand, c'est pourquoi nous avons pris cette résolution lors de notre dernier Synode. Elle servira de base et de cadre pour notre programme d'éducation, d'édification et d'évangélisation.
Venons-en maintenant à la réponse aux questions qui se posent ici et là dans nos communautés FPMA. Nous tenons à préciser que dans sa pratique, la FPMA baptise
deux catégories de personne : des enfants et des adultes. Bien que la FPMA préconise le baptême des enfants, elle n'empêche pas les parents de faire un autre choix pour leurs enfants. Mais quoiqu'il en soit le baptême doit être administré une seule fois.
Ainsi trois points nous semblent très importants à souligner : le "rebaptême", la foi et la conversion.
Le rebaptême
Beaucoup semble affirmer que le seul et vrai baptême c'est le baptême par immersion. Nous affirmons franchement que ce n'est pas vrai et ce n'est pas du tout biblique.
Ce qui fait que le baptême soit un vrai baptême c'est la formule "Je te baptise au nom du Père et du fils et du Saint Esprit".
Si quelqu'un a déjà été baptisé au nom du Père et du Fils et du Saint- Esprit, on ne peut pas et on ne doit pas sous-estimer et dire que ce n'était pas un baptême alors que Dieu lui-même l'a pris au sérieux. ce n'est pas la quantité d'eau qui est importante parce qu’elle ne joue qu'un rôle symbolique dans le baptême. Comme nous le savons tous, le verbe "baptiser" veut dire plonger. Celui qui est baptisé au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit est plongé dans la Sainte Trinité. C'est une grâce.
La foI
Le principe théologique du protestantisme traditionnel est le suivant: "La grâce précède la foi". Presque chaque page de la Bible annonce ce principe. L'apôtre Jean dit dans 1Jn 4.19: "Nous l'aimons, parce qu'il nous a aimés le premier". Jésus n'a pas attendu notre foi en Lui pour mourir pour nous sur la croix. Ce principe de la "grâce précède la foi" régit la Parole de Dieu de la Genèse
à l'Apocalypse. Dans Heb 11.29 il est écrit: "C’est par la foi qu’ils traversèrent la mer Rouge comme une terre sèche, tandis que les Egyptiens qui tentèrent d’en faire autant furent engloutis".
Tout Israël traversa la mer rouge parce que Dieu les attendait de l'autre côté. Même les petits enfants qui n'ont rien compris ont bénéficié de la liberté et ont été éduqués comme des hommes libres. Leur foi viendra toute seule quand ils auront compris combien Dieu les a aimés. C'est cela la "grâce qui précède la foi".
Voilà pourquoi les protestants luthériens et calvinistes baptisent leurs enfants, parce qu'ils ont part à la grâce de Dieu selon Act 2.39: "Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur, notre Dieu, les appellera".
La conversion
Dans cette perspective de "la grâce précède la foi", la conversion n'est ni stationnaire ni ponctuelle mais c'est un processus.
Dans Col 3.9-10 il est écrit : "Ne mentezpaslesunsauxautres,vous étant dépouillés du vieil homme et de ses œuvres, 10 et ayant revêtu l’homme nouveau, qui se renouvelle, dans la connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé".
Ce processus de renouvellement ne s'arrêtera qu'à notre mort.
Ainsi, dans les épîtres du Nouveau Testament, quand les apôtres interpellent les chrétiens, ils rappellent leur baptême.
Rom 6.3-4: "Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés? 4Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie".
L'apôtre s'adresse ici à des personnes qui ont déjà été baptisées au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Cependant, elles n'ont apparemment rien compris à leur baptême. Paul leur explique donc la signification de leur baptême et leur demande de vivre en conséquence.
Paul ne leur a pas dit:«nous allons refaire votre baptême parce que vous n'avez pas compris » ou « vous n'aviez pas la foi la première fois ». il leur demande devivre leur baptême par la repentance.
Ainsi, frère et sœur en Christ, pour ces motifs, "la grâce précède la foi", "la conversion est un processus", et quel que soit notre cas, baptême d'adulte ou baptême d'enfant "nous sommes tous appelés à vivre notre baptême" et à nous conduire comme quelqu'un qui est revêtu du Christ selon Gal 3.27: "Vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. 28Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ".
Aussi à tous ceux qui se posent des questions sur cette décision du Synode nous vous adressons le message suivant :
Il s'agit d'une simple honnêteté intellectuelle, car si vous comprenez et acceptez de vivre votre foi dans cette perspective de la FPMA, votre collaboration est toujours possible et bienvenue.
En revanche, si vous pensez que vous ne pourrez pas vous empêcher de prêcher le re- baptême, ceci est contraire à la résolution du synode et à notre confession de foi et n’a pas lieu d’être dans notre communauté.
Dr Seth RASOLONDRAIBE